Geisha, geiko et maiko, quezako ?


Tout d’abord situons le contexte et le lieu :
Une geisha (芸者) signifie « femme des arts ». Cela n’a donc strictement rien à voir avec l’idée encore très répandue en occident d’une « femme des plaisirs » (ou alors les plaisirs de l’art!)
Il s’agit donc d’une professionnelle de la danse, du chant, et de la musique traditionnelle. Elle doit également être experte dans la cérémonie du thé, et doit pouvoir tenir une conversation lors d’un repas ou après celui-ci l’agrémenter de jeux.
Une geisha symbolise toute la quintessence de l’art, de la finesse, de la délicatesse, de l’élégance et de la tradition japonaise. Tout doit donc être parfait dans le moindre détail et chaque élément est soigneusement codifié en fonction de la saison, du mois, parfois même des semaines, des circonstances, mais aussi du statut, de l’âge de la pratiquante et du lieu.
Le lieu, justement, est ce qui différentie une geisha d’une geiko (芸子). Cette dernière est également une geisha, mais ce terme est tiré du dialecte « Kyō-kotoba » et ne concerne uniquement que celles exerçant dans la ville de Kyoto.
Quant à la maiko (舞妓enfant qui danse), il s’agit d’une apprentie geiko. Elle est donc forcément jeune, entre 15 et 22 ans maximum, âge où l’on est devenu adulte. Sa formation se fait en deux temps. La première moitié, elle est une « chiisai maiko » , c’est à dire une maiko junior. La première année ( « han-nin-mae ) elle ne maquille que sa lèvre inférieure sur son visage recouvert de « l’oshiroi » , le maquillage blanc qui laisse apparaître deux bandes de peau nue à la naissance de la nuque. Celle-ci est toujours dégagée que ce soit par le col du kimono ou la coiffure car elle symbolise la sensualité et l’un des secrets de la séduction !
Ce kimono « à traine », plus long que la moyenne, appelé « hikizuri » ou « susohiki » comporte de très longues manches, et une ceinture-obi de huit mètre avec deux longs pans arrivant jusqu’aux chevilles. A l’extrémité est brodé le « kamon » (blason) de l’okiya (置屋) hébergeant et formant cette apprentie. Ce sont les éléments d’identifications les plus reconnaissables entre une maiko et une geiko ou geisha. Une fois formée et passée dans la catégorie des professionnelles, la coiffure et le maquillage évoluent. Le rouge, symbole de l’enfance, disparait progressivement du visage, les accessoires de cheveux se font plus discrets, mais surtout, là où la maiko fait usage de ses vrais cheveux, la geiko ou geisha, elle, porte le plus souvent une perruque. Le kimono, bien que plus long que celui porté dans la vie courante, possède des manches de taille normale et une ceinture-obi dont le plis arrière, nommé taiko-obi est identique aux autres femmes. A l’avant le précieux bijou obidome n’est plus porté. La perruque permet ainsi à la geiko ou geisha, de pouvoir mener une vie « normale » sans signe de reconnaissance, alors que la maiko, hébergée dans l’okiya, porte cette coiffure particulière en permanence, l’obligeant à dormir sur un oreiller de nuque, que l’on ne recommanderait même pas à son pire ennemi !

Voici quelques vrais maikos de 2023:

 

Kimisora-san 君宙さん - Maiko de l'okiya Honjo à Miyawacho
Fukumatsu, maiko de l'okiya Shigemori à Miyawacho
Toshiko, maiko de l'okiya Komaya à Miyagawacho
Kikushizu de l'okiya Hanafusa à Miyagawacho
Kikushizu d'Hanafusa & Fukumatsu de Shigemori à Miyawacho
Deux maikos dans l'enceinte VIP du temple de Shimogano pour l'accueil des autorités lors de Aoi Matsuri en 2018 .
Une maiko dans une ruelle de Gion Kobu portant sur son obi le kamon de l'Okiya de Minoyae
Une geiko
Autre geiko dans les ruelles de Gion à Kyoto
Cérmonie du thé avec une geiko, en noir, et une maiko, en rose (photos prises par la porte, étant interdit d'en faire dans la salle!)
Symbole de féminité et de sensualité, la n uque est largement dégagée et peinte d'un motif particulier
Ci-dessous, perruques de geiko ou geisha et "okobos" les hautes "zori" ou sandales en bois qui évitent au kimono de toucher le sol
Ci-dessous, c'est sous sa nuque que la maiko place son oreiller, en paille de riz, monté sur un surpport en bois laqué.

Les fausse geishas


Les vrais maikos et geikos exercent principalement dans le quartier de Gion, à Kyoto, où elles sont encore une centaine actuellement. La préparation est longue et fastidieuse et une fois celle-ci terminée, il ne s’agit pas de perdre de temps et il faut gagner rapidement le lieu où la maiko ou geiko exercera son art auprès d’un public très sélectionné et admis que sur recommandation, souvent lors de diners d’affaires. Le tourisme de masse a rendu le déplacement de ces femmes parfois très pénible, harcelées par les photographes tant nippons qu’étrangers. Aussi la mairie a dû prendre des mesures radicales, en plaçant les petites ruelles de Gion sous vidéo-surveillance et interdisant les photos, y compris avec des modèles « costumés », mais aussi d’aborder les geikos ou meikos.

Aussi, lorsque vous vous promenez dans les quartiers très touristiques en plein milieu de la journée et que vous croisées deux geishas qui posent très volontiers pour vous et les autres touristes, vous pouvez être certain d’avoir affaire à des fausses. La plupart du temps la tenue portée ne laisse d’ailleurs aucun doute, même si parfois certaines arborent une vrai coiffure et non une perruque, ainsi que des effets authentiques, surplus vendus par les Okiyas.
Le meilleur moyen d’en voir des vrais est encore soit de suivre dans la rue la présentation d’une nouvelle maiko, le « misedahi », réservé à un public expert, soit d’assister à un spectacle sur scène durant la très courte période d’une ou deux semaines en avril-mai : les Kyo odori, Kitano, Miyako ou  kamogawa odori.

Ces deux "fausses" maikos, bien trop âgées pour en être ont néanmoins de vrais obi avec le blason (kamon) d'une okiya, mais surtout,détail intéressant, ce sont leurs vrais cheveux et non des perruques, ce qui nécessite quand même quelques heures de préparation.

 

Une maiko ne fait pas ses courses en famille en milieu d'après-midi avec sa tenue de représentation